Prix du jury honorifique
Les quatre récits d’Alice à remporté l’un des sept Prix du Jury non-hiérarchiques de la Compétition Internationale.
Le mot du jury:
« Le film prend comme point de départ, voire de prétexte, une histoire familiale devenue une sorte de rite mémoriel qu’il décline d’une façon inattendue en quatre épisodes. Le dispositif qui emploie deux techniques de « dédoublement » est remarquable : le split-screen et le lip-sync servent tous les deux à évoquer les mécanismes à l’œuvre dans la remémoration et la transmission de contenus à la fois subjectifs et collectifs, qu’il organise en miroir pour un résultat qui rappelle la rétroaction en vidéo aboutissant à un tourbillon d’images sans fin et sans fond, et ici à un récit qui s’auto-propulse à l’infini et produit sa part de vertige. Le film-performance met en scène quatre versions du récit de la grand-mère de Myriam, racontées en patois québequois, à propos d’une tempête arrivée durant l’enfance de la première dont les faits sont magnifiés par l’imaginaire et à mesure que le temps sépare elle et ceux à qui elle a légué le récit de ces évènements. L’ingéniosité est d’avoir eu recours à des images d’archives en tout genre, à du found footage de tempête. Plus que d’illustrer une histoire subjective, elles symbolisent le processus d’évocation d’une mémoire qui a recours à des images mentales, tissées à partir d’un stock d’images collectives, hétéroclites par essence et re-combinées sans cesse et surtout puisant dans l’inconscient collectif. Ce re-inactement de l’histoire familiale et collective s’est fait par la mise en bouche truquée – le lip-sync est à peine sensible – par une fausse speakerine interprétée par l’artiste, qui nous raconte l’étrangeté même de l’approbation d’un récit et sa transmission, et les métamorphoses de la « speakerine » sur un fond aussi toujours varié, soulignent la saisonnalité ou plus encore la variabilité sans fin du récit, car qui dit saisons, dit un retour constamment renouvelé et réinventé de cette mémoire, gage de partage et d’appartenance … »